Introduction
Jean Cocteau (1889-1963) était un dramaturge, poète et romancier du XXe siècle. Artiste incontournable de la première moitié du siècle, il sait faire rayonner dans tous les domaines qu’il aborde un talent et un sens poétique incontestables. Ce sens poétique, il l’imprime également à sa production cinématographique, dans le film La Belle et la Bête par exemple. L’œuvre, très onirique, reprend et magnifie la légende de ces deux personnages que rien ne semble devoir unir un jour.
Mais les deux héros de l’histoire, sur cette image extraite du film, sont représentés dans des attitudes qui sont loin de suggérer uniquement l’antagonisme...
Développement
Des personnages que leur attitude oppose
La Bête
Le personnage masculin est situé au second plan en retrait, un peu flou, presque exclu de l’image, mais dans une position de supériorité par rapport à la Belle. On a conféré à cette Bête un aspect monstrueux : une pilosité importante, des crocs d’une taille et d’une blancheur telles qu’ils ressortent clairement sur la photo et l’identifient à un prédateur. Cependant, la Bête est humanisée par son habillement, du même style que ceux de la Belle. Le décor se limite à une chaise sculptée, ornée de lions et de croix, symbole du raffinement de la Bête. Cette chaise est la frontière ente les deux personnages.
La Belle
L’attitude la Belle exprime pour sa part un sentiment de méfiance envers la Bête. Le regard est indirect, un mouvement de retrait du corps suggère la répulsion. A la pilosité hirsute et léonine du monstre, s’oppose le visage lisse et humain de la femme. Maquillée, coiffée, elle présente un aspect particulièrement soigné.
Pourtant,même si à première vue tout les oppose, un rapprochement n’est pas impossible.
Les prémisses d’un rapprochement
L’habillement
Les points communs qui unissent la Belle et la bête reposent sur l’habillement : le code social est identique, les parures scintillent. Certes, la robe et les bijoux de la Belle sont des cadeaux de la Bête, mais ces cadeaux une fois acceptés sont devenus le gage d’un rapprochement de condition.
La blondeur
En outre, malgré sa pilosité abondante et les crocs qui font de la Bête un animal, elle a tout de même un visage de forme humaine. Mieux encore, les deux personnages se rejoignent dans une égale blondeur.
Les gestes
A droite de l’image, nous apercevons la main de la Bête posée sur le fauteuil de la Belle, brisant ainsi cette barrière qui les sépare. Le regard et la légère torsion du corps de la Belle, s’ils peuvent manifester la répulsion, peuvent aussi être interprétés comme la marque d’une certaine curiosité, une fascination discrète, l’envie de voir, mais pas trop...
Conclusion
En rapprochant subtilement les deux personnages, Cocteau nous prépare au coup de théâtre final du conte : la transformation de la Bête en homme.