L’article présente l’étude d’un sonnet de José Maria de Heredia (1842-1905). Le poème a pour point de départ la rencontre amoureuse entre Pétrarque et la jeune Laure de Sade sur le parvis de l’église Sainte-Claire d’Avignon, le 6 avril 1327. Elle a 17 ans, il en a 23.
Vous sortiez de l’église et, d’un geste pieux,Vos nobles mains faisaient l’aumône au populaire,Et sous le porche obscur votre beauté si claireAux pauvres éblouis montrait tout l’or des cieux.Et je vous saluai d’un salut gracieux,Très humble, comme il sied à qui ne veut déplaire,Quand, tirant votre mante et d’un air de colèreVous détournant de moi, vous couvrîtes vos yeux.Mais Amour qui commande au cœur le plus rebelleNe voulut pas souffrir que, moins tendre que belle,La source de pitié me refusât merci ;Et vous fûtes si lente à ramener le voile,Que vos cils ombrageux palpitèrent ainsiQu’un noir feuillage où filtre un long rayon d’étoile.